L’artiste Stratos

Biographie

D’origine grecque, Charles-Athanas-Stratos Papadopoulos est connu de tous sous l’usage de son troisième prénom. Stratos verra le jour en 1953. Très jeune, il s’oriente vers l’architecture où nombre de ses acquits lui serviront dans la construction de son imaginaire et de sa facture artistique. 

Dès 1972, il crée ses premières toiles, pendant ses loisirs, en parallèle d’une importante activité de négoce. 1983, marque ses premiers essais en sculpture. D’abord sur bois avec l’apparition de formes triangulaires et dans la même veine, en 88, il participe à la fonte de son premier bronze « Sapho », en figuration transposée de géométrie dans l’espace.

Premiers envols et expositions

Sur les mêmes thèmes, entre peinture et sculpture, sa recherche de style deviendra une passion dévorante qui l’accaparera bientôt à plein temps.  Dès les années 90 son travail sera remarqué par la directrice de la galerie du Pharos à Marseille intriguée par l’approche stylistique insolite pour l’époque, exposera quelques-unes de ses œuvres en permanence. Une reconnaissance confirmée quelques mois plus tard, au cœur du centre historique d’Avignon avec la galerie Vernissage qui organisera la première exposition de sculptures. Peu de temps après et toujours près du Palais des Papes, la galerie Charton essentiellement spécialisée dans la peinture provençale contemporaine présentera en vitrine un tableau de Stratos qui provoquera, par sa facture… décalée, une vraie surprise dans son public d’amateurs d’art. Ainsi trois importantes galeries régionales ont su déceler dès ses débuts, ce talent… brut aussi atypique que prometteur. 

Et pourquoi pas Moscou ?

Sa première grande exposition personnelle à l’étranger a eu lieu en 1991 à l’agence de Presse Novosti de Moscou où cet artiste français avait su séduire par sa modernité et la tendresse poétique qui se dégageait de ses travaux. Ce fut d’ailleurs, pour la petite histoire, la dernière exposition moscovite de l’ère fédérale soviétique ! 

Première galerie Stratos

En 1993, il ouvre sa première galerie personnelle à Nîmes, surtout dédiée à ses mutants de bronze aux symboles géométriques et patines multicolores. Ces pièces illustraient déjà le concept de la famille en résonance avec ses peintures, dans une même recherche de l’épure et d’élévation spirituelle.

Stratos féerie !

Dès lors, les courbes prendront le pas sur le trait et les formes angulaires : « Un matin, je me réveille après avoir rêvé que je nageais au milieu des dauphins… » C’est ainsi que l’artiste découvre la trame de sa légendaire saga familiale, avec ses héros issus des profondeurs marines, avides de liberté. Improbables hybrides humanoïdes, pacifiques par principe, bénéfiques par essence, ils cultivent en toute simplicité un art de vivre d’une société plus avisée, plus harmonieuse et voluptueusement ludique. 

Dans cette joyeuse filiation, où l’artiste sculpte et peint ses émotions, ses œuvres développent un style, une calligraphie aussi singulière qu’originale et unique qui s’écrit en courbes et en échos de la poésie de ses précieux messages. Ils se livrent dans la caresse des gestes, la douceur des regards échangés et des attitudes que sublime la tendresse. 

Entre Saint-Paul de Vence et Avignon

En 1995, après Nîmes, Stratos avec son épouse Brigitte, indispensable soutien et partenaire incontournable de toutes ses entreprises artistiques créent la galerie Stratos dans la célèbre rue Grande du vieux village de Saint-Paul de Vence. Ce sera le succès immédiat et la reconnaissance d’un public nouveau et fidèle. Depuis ses espaces y sont toujours ouverts au public depuis plus de 25 ans dans ce village mythique. Bientôt Brigitte ouvrira une seconde galerie au cœur de la cité des Papes à Avignon et la supervisera également jusqu’à son transfert dans le nouvel atelier-showroom à proximité de chez eux. Un lieu techniquement équipé pour fabriquer en totalité toutes ses œuvres.

Ainsi, depuis 95, tant en France que de par le monde, ses expositions et grands événements peuvent se décompter en centaines d’aventures. Parmi les plus notoires : Lausanne, Stockholm, New-York, Beyrouth, Monaco, Munich, Gand, Genève… Et en France dans les plus beaux sites :  Sarlat, Aigues-Mortes, Nice, Vallauris, Corte, Uzès, Agen, Arcachon, Ile de Ré…et les plus emblématiques : Paris, Courchevel, Saint-Tropez, Honfleur, Megève… Un succès tout aussi confirmé dans les plus prestigieuses galeries de la Place des Vosges à Paris, Saint-Tropez, Honfleur, Nyon en Suisse…

Souriez, vous êtes aimé !

A marquer d’une pierre blanche celle de « l’Art du Bonheur », un grand moment à Gémenos dans le cadre de « Marseille-Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture » : 12 de ses sculptures monumentales étaient réparties dans un mystérieux espace clos, totalement obscur.

Au gré de l’avancée du visiteur, à chaque œuvre un système phonique et visuel se déclenchait et réglait des éclairages multicolores rythmés entre musique et exégèses oniriques. Sandy Tournier, poétesse et critique d’Art y laissa ce commentaire : « Entrer dans l’Univers de Stratos, c’est être caressé de douceur, de couleurs. Souriez, vous êtes aimés ! » 

« Amore mio », « Pour toi maman », « Le cadeau », « Famille heureuse »

Cet esprit « Stratos-Art-Love » de ses titres se retrouve tout autant dans ses expositions en plein air, où les sculptures monumentales sont réparties au cœur des Villes. Elles sillonnent la France depuis le premier « printemps des sculptures » à Arcachon en 2015, avec 12 œuvres monumentales autour du port. Depuis, Agen, Nice, Saint-Raphael, Briare, Moissac, Perros-Guirec, Bonneville, Praz-sur-Arly (sur les pistes de ski face au Mont-Blanc) ont accueilli ces florilèges gravés dans l’inoxydable univers bienveillant et bienfaisant de l’artiste. 

De la douceur à la douleur partagée :

« L’arbre de vie à Toulouse 2012»

Si depuis toujours, Stratos ne cesse de célébrer dans ses créations l’amour, la tendresse, la famille, la paix et l’harmonie entre les êtres et la nature, il a tenu à partager la souffrance extrême de ceux qui ont connu l’horreur c’était en 2012 à Toulouse. Après avoir refusé un financement privé, il a tenu à offrir une sculpture de plus de 4 mètres de haut, installée dans la cour du collège et Lycée Ohr Torah, spécialement créé en hommage aux victimes, c’est ce message aussi puissant que digne et poétique, que l’artiste a sculpté dans la douceur des lignes épurées et la pérennité de l’acier.

Les sculptures murales : comme des poissons volants…

Ses personnages aujourd’hui troquent la toile et virevoltent dans l’espace, en sculptures murales polychromes. Mi-hommes, mi-poissons, ils s’ébattent entre terre et ciel dans une ronde ludique où l’enchantement est le maître du jeu.

« Défendez-moi ! »
Pour la protection des éléphants

Sur le fond blanc de la toile apparaissent d’improbables aplats aux formes multiples et monochromes de couleurs vives ils virevoltent et s’articulent. L’image d’un éléphant projeté en éclaté dans l’esprit d’une calligraphie Japonaise subtilement orchestrée. L’idée surgira chez Stratos, en 2020, en regardant un reportage sur les éléphants qui se rassemblaient autour de la dépouille d’un de leur congénère dépossédé de ses défenses ils lui rendaient, comme un rituel, un adieu digne et silencieux. Cela provoqua chez l’artiste un déclic dans la recherche de  nouvelles œuvres. 

Ce pêcheur d’espoir ne saurait s’arrêter de laisser courir son imaginaire dans l’espace d’œuvres futures et d’y suggérer « les mots qu’on dit avec les yeux ». Son regard se tourne toujours vers l’avenir, pour de nouveaux plans…tirés sur la comète de ses rêves fabuleux.  

Jean-Louis Avril